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Les premiers rayons de soleil se faufilèrent dans les minces interstices des volets d’acier et caressèrent le visage de Cindy. Elle battit des paupières. Comme il était merveilleux d’être réveillée ainsi ! Elle se releva sur ses coudes et aperçut Yannick, assis dans l’îlot de fauteuils qui tenait lieu de salon. Il était déjà en train de lire. Cindy enfila le peignoir de son hôte et le rejoignit.

— Il est seulement six heures, et tu es déjà au travail ? s’étonna-t-elle.

— Je suis debout depuis un petit moment. Bien dormi ?

— Étrangement bien, même si, habituellement, je suis incapable de fermer l’œil dans un lit étranger.

— Tu veux du café ?

— Ce n’est pas de refus.

Le vétéran déposa son livre et se dirigea vers le comptoir. Cindy s’étira pour en lire le titre, mais il était incompréhensible.

— C’est une langue très ancienne, expliqua le professeur en s’immobilisant devant la cafetière vide. Je suis chanceux qu’un scribe ait décidé de le transcrire au Moyen Âge.

— C’est donc un ouvrage très rare.

Il posa la main sur la poignée du percolateur qui se remplit aussitôt de liquide sombre.

— C’est le seul exemplaire au monde, assura-t-il. Que mets-tu dans ton café ?

— Rien. Je le bois noir.

— Comme moi.

Il en versa dans une tasse et la lui apporta.

— Tu n’en bois pas ?

— J’ai déjà eu ma dose.

Yannick reprit place dans son fauteuil.

— Est-ce trop indiscret de demander de quoi traite ce bouquin ? s’enquit Cindy.

— Ce sont les remarques d’un philosophe essénien sur les écrits du prophète Daniel.

Cindy arqua les sourcils, réaction qui fit sourire le professeur.

— Daniel était un juif qui avait le don de voir l’avenir. Il a prédit la venue de l’Antéchrist.

— Comme Nostradamus ?

— Si on veut.

— Quel est le lien avec ta théorie de la résurgence de l’Empire romain ?

— La soif de conquête. Il y a deux mille ans, l’Empire romain était le peuple dominant sur la Terre. Les légions de César avaient conquis presque tout le monde connu dès le premier siècle de l’ère chrétienne. Aucun empire n’a duré aussi longtemps. Les Romains ont dominé de Lan 63 avant Jésus-Christ à l’an 1453 après Jésus-Christ.

— Si longtemps que ça ?

— La politique de Rome exigeait que les gouverneurs des pays conquis métissent leur culture avec la culture romaine et se soumettent à ses lois. Cet empire a disparu depuis longtemps et, pourtant, son impact persiste encore aujourd’hui dans notre gouvernement, notre langue et nos lois.

— Donc, tout est déjà en place pour le retour d’un nouvel empereur.

— C’est exact. Le prophète Daniel nous dit qu’un prince viendra et qu’il fera revivre l’esprit d’Hadrian sur la Terre.

— Qui est-ce ?

— L’une des plus terribles tragédies de l’histoire des juifs s’est produite lorsque l’empereur Hadrian a fait tuer plus d’un million et demi d’entre eux en l’an 135 après Jésus-Christ.

Il affrontait alors les armées du général Siméon Bar Kochba. Il est dit que l’esprit d’Hadrian se manifestera dans les derniers jours du monde pour s’en prendre de nouveau à Israël jusqu’à ce qu’il soit écrasé par le retour du Messie.

Cindy l’observait avec de grands yeux inquiets. Elle avait été élevée dans la religion juive, mais elle n’en connaissait pas autant que Yannick sur l’histoire de ses ancêtres.

— Le prophète Daniel prétend que l’ancien Empire romain refera surface durant ce siècle et que son chef sera l’Antéchrist, précisa Yannick.

— C’est une théorie encore plus inquiétante que celle des reptiliens…

— À moins qu’elles ne soient reliées.

— Mais pourquoi Rome ?

— En raison de sa puissance. Au cours de l’histoire, des chefs politiques, religieux et militaires ont rêvé de recréer un tel empire.

— Comme Adolf Hitler.

— Gengis Khan, Napoléon et Mussolini.

— Quand cet événement se produira-t-il ?

— Daniel dit que cet empire prendra la forme d’une confédération de dix nations, possiblement établie sur le territoire de l’ancien Empire romain, donc l’Europe. De cette confédération émergera un nouveau chef dynamique qui profitera d’une future crise en Europe pour en prendre la tête.

— Mais il sera vaincu, n’est-ce pas ? voulut se rassurer Cindy.

— Au bout de sept ans.

— Sept ans ! s’alarma-t-elle. Il est difficile de concevoir que nos chefs politiques le laisseront nous tyranniser durant tout ce temps !

— C’est qu’il ne commettra pas ses atrocités au départ. En fait, il tentera de se faire passer pour le Messie, d’où son nom. Est-ce que tu aimerais manger quelque chose ?

— Je n’ai pas très faim, en ce moment. Continue de me parler de ta théorie.

— Je ne veux surtout pas t’effrayer.

— Mais c’est le travail de l’ANGE d’empêcher ce genre de dictature, non ?

Yannick ouvrit la bouche pour répondre. Son ordinateur lui coupa la parole.

— IL Y A UNE COMMUNICATION IMPORTANTE POUR VOUS, MONSIEUR JEFFREY.

— De la part de qui ?

— DE VM QUATRE, QUATRE-VINGT-DEUX.

— Faites-la jouer.

Il alla s’asseoir devant la table de travail couverte d’appareils électroniques. Le visage timide de Vincent McLeod apparut sur l’écran.

— Bonjour, Vincent. Toujours aussi matinal.

— C’est parce que j’aime mon travail… et parce que Seth continue de nous traquer avec une facilité déconcertante, soupira le savant.

— À qui s’est-il attaqué ? s’énerva le professeur.

— Il a suivi Océane cette nuit. Heureusement, elle a réussi à le semer.

— Je ne veux pas être pessimiste, mais lorsqu’il laisse filer une victime, c’est par choix.

Cindy bondit de son fauteuil pour participer à cette discussion.

— Il sait donc qui nous sommes, s’alarma-t-elle.

— Ce que nous nous expliquons très mal, puisque nos identités sont protégées. Cédric commence à craindre une infiltration.

— Depuis le temps que nous travaillons ensemble, nous aurions flairé quelque chose, répliqua Yannick, qui n’y croyait pas.

— Cédric est en train de fouiller dans nos dossiers. Je voulais juste vous prévenir.

— Je t’en remercie. Où est Océane en ce moment ?

— Je ne sais pas où elle a passé la nuit, mais elle est arrivée assez tôt ce matin.

— Elle n’a pas utilisé le portail de la bibliothèque, j’espère ?

— Je n’en sais rien. Elle est avec Cédric en ce moment. Tu pourras sans doute lui parler plus tard.

— J’essaierai de l’appeler. Je ne travaille que cet après-midi.

— Faites bien attention à vous.

— Nous sommes en sécurité ici. Merci, Vincent.

Le logo de l’ANGE remplaça le visage du savant.

 

 

Vincent se cala dans son fauteuil, profondément troublé par les derniers événements. Il allait se remettre au travail lorsque Océane entra aux laboratoires. Elle semblait plutôt agacée.

— Est-ce que ça va ? s’inquiéta le scientifique.

— Je suis furieuse à l’idée que l’ennemi puisse nous retrouver avec autant de facilité. Je viens justement d’avoir une longue conversation avec Cédric à ce sujet.

— Yannick nous répète depuis longtemps que les membres de l’Alliance ne sont pas des gens ordinaires. Ils ont des façons surnaturelles de traquer les gens.

— Yannick lit trop de livres anciens, grommela-t-elle. Ils sont bourrés d’allégories, tu le sais aussi bien que moi.

— Comment expliques-tu que Seth se soit attaqué à Cindy et à toi en deux jours ?

— Je pense, comme Cédric, qu’il y a un espion dans cette organisation. Mais ce n’est pas mon travail de le débusquer. Moi, ce que je veux, c’est découvrir qui est ce O qui nous écrit des messages avec du vieux sang et qui n’arrête pas de nous protéger. Je suis certaine, que par lui, nous apprendrons toute la vérité.

— Est-ce une intuition ?

— C’est ce que Yannick dirait. Je préfère penser que c’est le fruit de mon expérience dans ce métier. Que me suggères-tu pour commencer ?

— Il y a des centaines de bases de données visuelles. J’ai déjà commencé à en explorer plusieurs.

— Laisse-moi te donner un coup de main.

 

 

Malgré la protection que lui assurait le loft de Yannick Jeffrey, Cindy se morfondait en attendant de reprendre du service. Elle était assise dans le fauteuil, les jambes repliées, et buvait un café à petites gorgées, Cédric, qui pensait toujours à tout, avait averti Air Éole que leur nouvelle employée était partie de toute urgence au chevet d’un ami en Grèce. Il avait même demandé à un employé de l’ANGE à Athènes, capable d’imiter l’écriture de son agente, d’envoyer des cartes postales aux parents et au frère de Cindy pour les rassurer. Le cas d’Océane avait été plus facile : Cédric avait tout simplement transmis une lettre de démission de sa part à la bibliothèque.

Le professeur d’histoire transporta un plateau de bois jusqu’à l’îlot de fauteuils et déposa des croissants et diverses confitures devant sa jeune invitée.

— Arrête de te faire du mauvais sang.

— Je suis une agente de l’ANGE. Je suis censée faire des enquêtes, pas rester cachée.

— Il y a des moments où il est préférable de ne pas agir.

— On ne m’a jamais parlé de ça, à Alert Bay.

— Il y a longtemps que j’en suis sorti, mais je me souviens d’un professeur de camouflage qui nous répétait absolument tous les jours que l’immobilité est souvent notre meilleure défense.

— Il ne doit plus y être, grommela Cindy. Je sais que notre Agence n’est pas censée capturer les criminels et qu’elle doit laisser ce travail aux policiers, mais que se passera-t-il si ces derniers n’arrivent pas à capturer Seth ou l’assassin d’Éros ?

— Théoriquement, Cédric pourrait nous faire travailler dans une autre province ou même pour l’Agence française ou l’Agence américaine.

— Au moins, je n’aurais pas de boîtes à transporter cette fois…

Yannick ne savait plus quoi lui dire pour l’apaiser. Il lui annonça qu’il devait donner une conférence au cégep dans l’après-midi et qu’elle devrait rester seule un moment.

— Mais Seth ? s’effraya-t-elle.

— C’est l’occasion idéale de voir s’il nous connaît tous.

— Tu es l’agent le plus expérimenté de l’Agence montréalaise, Yannick ! Nous ne pouvons pas nous permettre de te perdre !

— Je suis aussi le plus prudent. Allez, prends une bouchée pendant que je rassemble mes notes.

Il se rendit à sa table de travail et retira une chemise d’un tiroir. Cindy bondit à sa suite.

— Laisse-moi t’accompagner, proposa-t-elle.

— Je ne veux pas que l’Alliance établisse un rapport entre toi et moi.

— Je peux me déguiser en étudiante.

Il était vrai qu’elle ressemblait aux jeunes filles qui assistaient à ses cours, sauf que le sbire de l’Antéchrist connaissait son visage. Il déclina l’offre et plaça la chemise dans son porte-documents.

— Tout le monde fait allusion à ton séjour en Israël, mais personne n’en parle ouvertement, se plaignit alors sa jeune collègue.

— Nous avons subi de grandes pertes durant cette opération. Personne n’aime retourner le fer dans la plaie.

Il referma sèchement la petite valise et recommanda à Cindy de n’ouvrir à personne. L’ordinateur la préviendrait si qui que ce soit venait à s’approcher de l’immeuble. Elle n’aurait alors qu’à communiquer avec l’ANGE.

— Ton calme m’effraie, Yannick, s’énerva-t-elle.

— Alors, tu risques d’être effrayée longtemps, plaisanta le professeur, parce que je suis toujours calme.

Il l’embrassa sur le front, puis se dirigea vers la porte. Il pressa sur un bouton du panneau de contrôle et demanda à l’ordinateur de veiller sur leur invitée.

 

 

En quittant le loft, Yannick se rendit à l’église au bout de la rue. Il grimpa sur le parvis, tous ses sens en alerte. Il sentit aussitôt la présence du suppôt de Satan : il avait mordu à l’appât.

Sans se presser, le professeur d’histoire entra dans la maison du Seigneur, après avoir magiquement déverrouillé la porte. L’église était déserte. Yannick marcha jusqu’à la chapelle de la Vierge. Il n’entendait que ses propres pas sur les carreaux. Il déposa son porte-documents sur la balustrade et contempla le visage de la mère de Jésus. Il sentit de nouveau la présence de l’ennemi. Il se retourna lentement, Seth se tenait au milieu de l’allée.

— Tiens, tiens, le berger sans son chien, cracha le démon. À moins qu’il ne se cache quelque part dans ces lieux qui ne te protégeront pas, Képhas.

Yannick demeura silencieux et intensément attentif.

— Mes pouvoirs ont augmenté depuis notre dernière rencontre, Témoin. Qu’en est-il des tiens ?

Il était parfaitement inutile de lui répondre. Yannick attendit.

— Cette fois, tu vas mourir, le menaça Seth. Je vais t’arracher le cœur, comme j’ai arraché celui de tes amis à Jérusalem.

Il commença à avancer entre les bancs. Yannick ne bougeait toujours pas : il priait.

— Tu vas te laisser abattre comme un agneau sans défense ? le provoqua l’assassin. Tu veux devenir un martyr ?

Yannick avait appris à ne pas écouter les divagations de ces pauvres créatures possédées par le diable. Même lorsque Seth fit apparaître une longue dague dans sa main, il ne broncha pas.

— Ton maître va devoir s’incliner devant le mien ! hurla l’homme de main de l’Antéchrist.

Il s’élança, mais se heurta à un mur invisible. Étonné, il tituba vers l’arrière.

— Le Bien triomphe toujours du Mal, même si, parfois, c’est un peu plus long que prévu, murmura Yannick, répétant les paroles qu’avait prononcées un de ses vieux maîtres.

Têtu, Seth s’élança de nouveau, mais fit face au même obstacle. Devant lui, l’agent de l’ANGE demeurait imperturbable.

— Pourquoi n’es-tu pas aux côtés d’Armillus ? demanda-t-il au démon.

— Il n’a besoin de personne pour le protéger !

— Il s’est débarrassé de toi ?

Seth poussa un hurlement de rage qui se répercuta sur les murs de l’église.

— Armillus abandonnera tous ceux qui pourraient usurper son pouvoir, poursuivit Yannick.

— Pas ceux qui exécutent sa volonté !

— C’est en Europe que ton maître a décidé d’établir sa domination. Pourquoi es-tu ici ?

— Je suis venu te tuer, Képhas !

Seth fit disparaître son poignard et dirigea ses mains vers Yannick, Des éclairs bleus se mirent à tournoyer autour de ses doigts rabougris.

— Vois la force que m’a transmise le grand maître ! s’exclama-t-il d’un ton triomphant.

Yannick ne fit que relever un sourcil. Au moment où Seth s’apprêtait à lancer sa foudre sur lui, un éclair fulgurant tomba du plafond et le réduisit en cendres.

— Merci, Père, soupira Yannick en fermant les yeux.

De sombres images refirent surface dans son esprit. À Jérusalem, il était arrivé trop tard pour sauver ses collègues…

Il reprit sa petite valise, donna un coup de pied dans les cendres fumantes et quitta l’église. Sur le parvis, un rayon de soleil perça les nuages et l’enveloppa de sa chaleur. Rassuré, Yannick poursuivit sa route.

Antichristus
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